Lors de mon séjour à Berlin (de 1970 à 1978), j'ai effectué quelques stages : Transmisions, commando et brevets d'Arme divers...
Au sujet du stage commando du CEC 10 de Berlin auquel j'ai gardé un excellent souvenir, voici quelques photos (ci-dessus) des épreuves effectuées.
La tyrolienne - Nous descendions rapidement à la queue leu-leu en tenant notre ceinturon US des deux mains entourant le câble. Arrivés en bas, on doit lâcher un côté du ceinturon pour tomber en roulé-boulé. Je suis tombé d'un peu haut mais rien de cassé. Mon camarade qui me suivait arrive à ma hauteur et me crie : "comment on arrête ?", je lui reponds "tu croises !", il n'a pas compris qu'il devait croiser les mains pour ralentir, il a croisé les pieds... Il a percuté le poteau en ciment où était attaché le câble, heureusement protégé avec une botte de paille.
La traversée d'un lac sur une botte de paille - Un exercice nocturne assez périlleux, la traversée d'un lac, à plat ventre sur une botte de paille enveloppée dans une bâche. Dès le départ, je suivais un camarade, tout à coup je le vois descendre et disparaître sous l'eau. Il réapparaît soudain et crie : "J'ai perdu ma botte"; éclat de rire général du groupe. Je récupére l'infortuné sous-marinier qui nage maintenant accroché à ma botte restée en surface. Nous arrivons sur l'autre rive sans nouvel incident. Nous supposons que les instructeurs du CEC, qui ne manquent pas de facéties, avaient piégé cette botte de paille...
L'épreuve du char - Un char du 11° RC de Berlin, lancé à vive allure, doit passer sur les stagiaires allongés les uns derrière les autres, ce test est impréssionnant. Les stagiaires souhaitent que le conducteur n'est pas un problème ou une mausaise idée lors de cette manoeuvre. Il n'y a pas eu d'incidents...
Le blockaus - Le stagiaire est enfermé dans un blockaus (sans éclairage) où il doit en sortir par ses propres moyens. J'ai assez rapidement trouvé une issue à cette salle. Il s'agissait d'un trou dans le plafond avec des poignées où je pouvais m'accrocher. Bien entendu, en sautant, ma grande taille m'a permis de le faire mais pour les stagiaires de petites tailles, c'est autre chose. Justement, le dernier à passer dans le blockaus n'est pas très grand...
A la fin de la journée, on constate qu'il manque un stagiaire. Retour au blockaus, ouverture de la salle, le militaire en sort comme une furie, courant dans tous les sens : "j'ai cru que j'allais mourir dans ce trou" disait-il.
La marche à la boussole - Notre stick (groupe de 10 militaires) doit suivre un "azimut", sans dévier de son itinéraire, pour se rendre dans une zone précise. Evidemment, ce périple est chronométré. Nous avançons assez vite lorsque tout à coup nous devons traverser une rivière. Je précise que nous sommes en hiver et la rivière est partiellement gelée en surface. Rapidement, un membre du stick se déshabille, attache un câble autour de sa taille, et plonge dans l'eau glacée. Il traverse rapidement et sur l'autre rive, attache le câble au pied d'un arbre. Nous faisons de même de notre côté mais plus haut sur l'arbre de façon à créer une tyrolienne. Deux militaires passent rapidement la rivière sur cette tyrolienne à l'aide de leur ceinturon, puis frottent énergiquement à l'eau de cologne le courageux qui commençait à se refroidir. Il met ses vêtements et fait des exercices pour se réchauffer. Le reste du groupe passe à son tour, la corde est retirée, nous continuons notre épreuve en courant cette fois, entre les visées avec la boussole pour conserver notre azimut.
La survie - Toujours avec notre groupe de 10 militaires, nous devons effectuer une semaine de "survie hirvernale", dans les vastes forêts de Berlin Ouest. Bien entendu, nous sommes fouillés au départ, pas d'alimentation, ni boisson, ni argent... Nous ne devons pas être repérés pendant cette épreuve. Des patrouilles circulent en permanence en divers endroits et un hélicoptère passe de temps en temps. L'absence de feuilles aux arbres ne nous avantage pas. Nous privilégions les zones où se trouvent des sapins, permettant de nous cacher plus facilement.
Assez rapidement, nous découvrons une source où les gourdes sont remplies. Nous essayons de fabriquer des pièges pour capturer quelques gibiers... sans résultat.
J'ai eu une idée, avant la nuit, je suis monté en haut d'une arbre pour voir un peu les environs. J'ai repéré une ferme dans une clairière assez loin. Nous décidons de nous y rendre malgré la nuit qui arrivait mais nous permettait de passer inaperçus.
Arrivés à la ferme, nous demandons s'ils peuvent nous vendre quelques nourritures (avec des marks cachés dans les doublures de nos vêtements). Les fermiers sympathiques nous ont invités à leur repas du soir.
Nous avons trouvé notre source de ravitaillement où nous venons prendre notre unique repas journalier et nous laver un peu à l'abreuvoir des animaux. Nous circulons uniquement de nuit. Nous passons nos journées à dormir dans des caches enterrées et couvertes de branchages en changeant fréquemment d'endroits.
Une nuit, en passant à proximité d'un "Gasthaus", des militaires chargés de nous repérer se trouvaient à l'intérieur. Nous avons réussi à récupérer leur "jeep" (véhicule militaire léger), avec des armes ! Ce véhicule a été caché dans la forêt et n'a pas été découvert pendant la semaine de survie. Ces militaires en question n'ont pas été félicités par leur hiérarchie ! Cet évènement a provoqué une recrudescence de patrouilles dans la forêt et un passage d'hélicoptère plus fréquent. Nos allées et venues nocturnes et nos caches n'ont jamais été découvertes.
Le bunker - Situées au nord de Berlin dans le quartier Wedding, subsistent des édifices oubliés, des bunkers chargés d'histoire dont l'accès est normalement interdit au public. J'ai visité un des rares bunkers resté intact et laissé tel quel après la guerre. Berlin était le centre névralgique du Troisième Reich et par conséquent, l'une des principales cibles des bombardements alliés pendant la Seconde Guerre mondiale. Plus de 80% du centre-ville de Berlin a été détruit. D'innombrables vestiges de la guerre sont restés ensevelis pendant des décennies dans les sous-sol de la ville.
J'ai eu la chance de pouvoir visiter ce bunker qui servait d'abri aux habitants lors des bombardements de la ville. J'ai appris depuis que ces abris ensevelis étaient ouverts aux visites du public.