Plus de 32 ans d'armée... Le Service National de septembre 1964 à février 1966 (16 mois) et l'engagement de janvier 1970 à juillet 2000, peut-être qu'au fond de moi, je voulais imiter les grands intrépides voyageurs que sont foog et Némo, héros des "Voyages extraordinaires" de Jules Verne.
Pendant mes congés, en 1963, j'ai effectué une préparation militaire (volontaire). C'est une expérience unique en immersion totale dans un régiment de l'armée de Terre, ces quelques jours m'ont fait découvrir de nombreuses facettes de la vie de soldat. Ainsi, tout au long des deux semaines du stage, volonté, cohésion, confiance et rigueur seront les maîtres mots. Cette période n'a pas été trop dure malgré les marches nocturnes interminables et les réveils au son du clairon vers 5h30. Les corvées du matin : nettoyage des locaux et de la caserne en général (chacun sa mission), petit déjeuner à 7h00, puis une heure de sports. Ensuite des exercices : tir, combats, parcours du combattant, découverte de l'armement et du matériel, etc. Mon entrainement sportif scolaire m'a bien servi, nous étions évalué à chaque exercice ! J'ai apprécié cette préparation militaire qui m'a bien aidé lors de mon appel sous les drapeaux l'année suivante.
Classe 64-2B - (1964 - 2° semestre - B /2eme incorporation du semestre sur 3) - C'est le numéro que l'on donnait aux appelés sous les drapeaux en septembre 1964.
J'ai rejoint à La Rochelle, le CIT 48 (Centre d'instruction des Transmissions) où j'ai été formé en radiotélégraphie.
Après 2 mois de "classe" ordinaire et apprentissage des systèmes radio dans l'armée (matériels, "manipulation" et "lecture au son", obtention des brevets 151 et 251 trans) et un mois de formation d'élève gradé, qui ne m'a pas laissé de grands souvenirs), j'ai été affecté à Agen, à l'EMIAT (Ecole Militaire Annexe des Transmissions).
Anecdote : A la fin de mes "classes", un stage de parachutisme a été offert aux éleves-gradés qui souhaitent obtenir le brevet para ; bien entendu, j'étais volontaire ! Bon, je passe rapidement cette période parce qu'elle m'a causé quelques désagréments à mes jambes et pieds (malformation depuis cet accident) et de nombreuses journées à l'hôpital Robert Piqué à Bordeaux (je n'ai pas obtenu le brevet). Sur mes lettres, je disais à mes parents que j'étais en manoeuvre ! Je ne voulais pas qu'ils s'inquiètent, me sachant blessé.
Après l'hôpital, arrivé à la caserne d'Agen, on m'installe au D.E. (Détachement Exploitation). Mon rôle est de maintenir en bon état le matériel de transmissions destiné aux stagiaires militaires de carrière.
Je devais aussi assurer la permanence du poste et la sécurité du matériel (classé sensible). Nous étions seulement deux militaires sur ce poste, nous avions une chambre dans les locaux. Un militaire devait être présent en permanence. Nous prenions nos repas sur place, transportés dans une petite "norvégienne" (un procédé de fin de cuisson des aliments consistant à les placer dans un récipient lui-même contenu dans un réceptacle isolant).
Lorsque l'effectif était complet (deux), l'un de nous partait en "manoeuvres" avec les stagiaires. C'était toujours moi, mon camarade ne voulait pas conduire les véhicules militaires, il disait manquer d'assurance au volant. C'est à cette occasion que j'ai conduit des engins militaires de toutes sortes (bien entendu après avoir obtenu les permis : VL, PL et SPL). Malgré mes blessures aux pieds, je serrais les dents pour conduire le "GMC" ou l' "Alf Track" (engin à chenilles) où il faut systématiquement faire le double débrayage pour changer de vitesse.
Jusqu'à ma libération (la quille), j'ai fait ce travail auprès des stagiaires de divers pays (les anciennes colonies françaises avaient des contrats de formation avec la France). C'est pendant cette période que j'ai vu des artistes de la "lecture au son", du "manipulateur" et du "vibro" qui écrivaient le message reçu en code "morse" en même temps qu'ils lisaient le journal à haute voix. Vraiment étonnant, je ne suis jamais arrivé à les égaler.
La plupart de ces stagiaires rentraient d'Algérie et même certains avaient fait l'Indochine. Cependant, ils n'en parlaient jamais entre eux, ils se contentaient de suivre le stage de "recyclage" imposé par leur hiérarchie.
Intéressé par leurs parcours, je les interrogeais fréquemment sur les conditions de vie lors des opérations en Indochine ou en Algérie : leurs réponses étaient toujours évasives et incomplètes quand il y en avait.... De retour en métropole, la plupart des anciens d'Indochine ou d’Algérie se sont enfermés dans un mutisme révélateur de ce qu’ils avaient vécu. Quelques-uns ont écrit leur témoignage. Beaucoup se sont affiliés à des associations d’anciens combattants, rattachées à l’une ou l’autre des principales fédérations.